lundi 23 avril 2012

Un coup de coeur littéraire


 Il pleuvait des oiseaux

    

Biographie de l’auteure
Jocelyne Saucier est née au Nouveau-Brunswick, en 1948. Elle a fait des études en sciences politiques et en journalisme dans la région. Elle a écrit son premier roman, La vie comme une image qui raconte un meurtre invisible sur un ton intimiste, où elle est finaliste au Prix du Gouverneur général. Son deuxième roman qui se nomme Les héritiers de la mine est un suspense psychologique, où elle devient finaliste du prix France-Québec Philippe-Rossillon. Puis, le troisième roman est une histoire d’amour impossible sur fond de Babel communiste qui s’intitule Jeanne sur les routes; grâce à son roman elle réussit à être finaliste au Prix du Gouverneur général et au prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec. En 2010, Jocelyne Saucier a reçu le Prix à la création artistique du CALQ dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Son dernier roman, Il pleuvait des oiseaux, est un livre qui m’a marquée dès le premier chapitre. Lors de ma lecture, j’ai ressenti certains sentiments qui m’ont amenée à de profondes réflexions sur les réjouissances de la vie et sur la mort qui est omniprésente. Notamment, l’auteur a essayé de faire ressortir cette liberté que nous pouvons observer dans le Nord. Alors, j’ai cru comprendre qu’elle fait également un hommage à la vie dans l’histoire de ce roman.


Résumé de roman
Dans ce roman, les personnages principaux sont de vieilles personnes qui ont décidé de se retirer de la société. Elles se sont cachées dans les bois pour y vivre le reste de leurs vies. Les gens ne savent pas qu’ils sont toujours en vie, mais c’est grâce à une photographe curieuse que l’on va les découvrir. La photographe est à la recherche d’un homme se nommant Boychuck, c’est ce qui l’amène au fond des bois. Cet homme a été témoin et a brûlé lors des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario en 1916.

Charlie et Tom sont des amis de ce fameux Boychuck. Les trois hommes se sont construit chacun un campement autonome avec vue sur le lac en laissant des lisières de bois qui les séparèrent. Ils ont deux amis qui prennent soin d’eux qui se nomment Steve et Bruno. Plus tard, la vie de ces personnages sera perturbée à cause de l’arrivée de Marie-Desneige. Une femme octogénaire qui a été internée pendant 66 ans pour cause officielle d’avoir l’esprit fêlé. Elle sera accueillie dans cette petite communauté et aura à son tour sa propre cabane. La photographe se fera alors adopter par Marie-Desneige et découvrira que Boychuck a des peintures qui rencontrent l’histoire du Grand Feu de Matheson.

 À partir de mon résumé, je remarque bien que dans les romans, c’est la façon que l’histoire est racontée qui fait une grande différence puisque je ne suis pas certaine que je serais attirée par ce résumé. Au tout début, le sujet ne me semblait pas si attrayant, mais avec l’habileté de cette auteure, il l’est devenu. Durant l’histoire, elle intègre dans la narration le feu de Matheson et sa légende, ce qui consolide du coup la vie d’un des vieillards. 


Les personnages



Dans le roman, Jocelyne Saucier nous dévoile l’histoire à travers du point de vue de ses personnages, mais pas trop pour laisser un soupçon de mystère. Il est facile de voir qu’elle aime ses personnages et qu’elles les respectent. Ils sont sans complaisance et parfaitement intégrés dans leur fibre fictionnelle.
Théodore Boychuck est l’un des derniers survivants des Grands Feux. Il a perdu toute sa famille, morte calcinée dans le coureau de légumes de la maison. Il était amoureux des deux jumelles Angie et Margie Polson. Un certain temps, on croyait qu’il était aveugle. Il est mort dans sa cabane au fond des bois. Il connaissait très bien sa forêt, accompagné de son labrador Kino. Cet homme était un être brisé, car il avait un vide total dans son regard et il était difficile de suivre les traces de ses pensées. Aussi, ce personnage est un peintre, c’est sur les toiles qu’il laisse parler ses émotions.

Charlie est un homme retraité. Il a des enfants qui sont partis depuis longtemps, une femme assurée d’une pension, alors celui-ci a fait le nécessaire chez le notaire et à la banque pour aller vivre dans les bois. Ce personnage a vécu une insuffisance rénale et plusieurs séances d’hémodialyse avant de vivre librement. Il a un labrador, Chummy. C’est un personnage calme et solide. Il est un amoureux de la nature où il adopte un regard intense comme celui d’un animal.

Tom est un alcoolique qui adore raconter toutes sortes d’histoires. C’est un grand buveur de scotch, ce qui l’a déjà amené dans le coma à l’hôpital. Il a perdu un œil lors d’une bagarre. Il est grand, osseux, avec quelques cheveux épars autour d’un crâne dégarni. Il a également une voix brûlée par la boisson et la cigarette. Il avait vécu tout ce qu’il lui avait été permis de vivre, donc il décida aussi d’aller vivre dans les bois à proximité de Boychuck et Charlie, accompagné de son labrador Blond Drink.

Ces trois vieux ont décidé de se retirer du monde et de vivre dans les bois en de bons voisins, une existence en accord avec la nature et les éléments. Ils ont tous une petite boîte qui contient du poison mortel que l’on appelle la strychnine. C’est une assurance pour eux, car ils ne seront pas obligés de rester en vie s’ils ne le désirent plus. On peut dire que c’est comme une commission sur le droit de mourir dans la dignité. J’ai appris, au cours de ma lecture, à m'adapter un peu à cette mort qui plane en tout temps.   

Steve, le désenchantement absolu, un homme qui lui aussi avait refusé le monde. Il a 50 ans ou peut-être moins et il fume de la marijuana. Il a trouvé sa liberté dans la gérance d’un hôtel qui n’a plus raison d’être. C’est lui qui accueille les égarés de la route. C’est un homme grand, tout en jambes et en bras, une tension dans le regard. Il n’y a rien qu’il n'aime tant que de discuter avec l’inconnu que lui amène la route.

Bruno est plus jeune, il a plus que quarante ans. Il a de longs muscles souples, des cheveux ramassés en catogan et un anneau à l’oreille. C’est un homme qui est continuellement en quête de quelque chose. Il a une Honda TRX 350, une mini-remorque et une motoneige skandic. C’est un être de liberté et il fume de la marijuana.
Ce qu’il faut comprendre de Steve et Bruno, c’est qu’ils aiment tous les deux l’illégalité. On peut constater que leur amitié est basée sur ce besoin qu’ils ont de sentir de l’autre des choses, ce qui leur laisse un grand sentiment de liberté.

L’autre personnage est une vieille dame qui a une taille toute petite comme celle d’une jeune fille de douze ans. Elle a les cheveux blancs ébouriffés et vaporeux, puis ses yeux sont noirs. Cette dame se nomme Gertrude et c’est la tante de Bruno. Steve et Bruno lui donnaient comme surnom Marie-Desneige, âgée de 82 ans. À l’âge de seize ans, son père l’a fait alterner dans un hôpital psychiatrique durant 66 ans. Ils décidèrent de lui construire une cabane dans les bois à côté de celle de Charlie. C’est une femme sensible et fragile.   

Marie-Desneige est le personnage attractif, on s’attache facilement à cette femme qui a vécu l’injustice sans perdre complètement la tête.

La photographe est une femme qui se nomme Clara Wilson. Ce n’est pas le genre de femme qu’on baratine spontanément. Elle a une carrure qui impose le respect et un regard qui peut transformer n’importe quel importun en statue de sel. Marie-Desneige a surnommé cette photographe Ange-Aimé. Elles sont devenues de bonnes amies. La photographe reste un personnage secondaire, se tenant à côté de cette marginalité vécue.

Il y a certains personnages qui ont dépassé le stade de la maladie et même celui de la mort. Ils sont attachants et inaccoutumés ce qui les rend marginaux. Il est d’une telle facilité de devenir fasciné par la Communauté du Lac.


La forme du roman

La page couverture du livre est blanc cassé, il y a le nom de l’auteur et le titre. Il y a une image d’un homme nu portant un chapeau qui est assis dans les bois. La quatrième de couverture est assez simple, il y a une partie de l’image de la page couverture et le résumé. C’est un petit roman qui contient 179 pages. Les titres des chapitres sont en gros caractère. Les chapitres sont assez courts et les paragraphes aussi. Le vocabulaire est assez riche, mais simple à la fois.  
Quelques réflexions

Le roman Il pleuvait des oiseaux n’est pas contemplatif. Dans la mesure du possible, il y a de l’action des circonstances de la vie dans les bois. Le vécu des personnages est fort ressenti et le l’histoire des Grands Feux est bien élaborée sans trop exagérer. Ce récit est totalement surprenant et savourant, on comprend alors pourquoi Jocelyne Saucier a remporté le prix des cinq continents.

1 commentaire:

  1. "Les gens ne savent pas qu’ils sont toujours en vie". Cette citation nous place déjà dans l'ambiance du roman, du moins nous laisse supposer un univers fantastique… Mais dans ton résumé, tu nous montres aussi que l'histoire se déroule dans un contexte historique -"les Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario en 1916".

    Tous les personnages semblent avoir un passé difficile et cachent plusieurs secrets:. Les personnages semblent avoir créé un lien d'attachement important entre toi et ce roman, "La Communauté du Lac".

    Tu nous laisse sur notre appétit, mais tu aiguises aussi notre curiosité en nous laissant supposer beaucoup de mystères à élucider...

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